Mâchoire qui claque : comprendre le phénomène, ses causes et ses solutions #
Pourquoi la mâchoire émet-elle des bruits de claquement ? #
Le claquement mandibulaire, que l’on perçoit comme un bruit sec, bref, distinct, survient au sein de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM). Cette structure assure la jonction entre la mandibule et l’os temporal du crâne, orchestrant des mouvements quotidiens essentiels tels que l’ouverture de la bouche ou la mastication (jusqu’à 2000 mouvements par jour pour un adulte).
Les causes de ce claquement sont variées. Un manque de synchronisation entre la tête du condyle mandibulaire et le disque articulaire génère le bruit caractéristique du ressaut mécanique, appelé claquement articulaire. Cette perte de friction normale peut découler de :
- un déplacement du disque articulaire (souvent partiel et réductible à l’ouverture buccale)
- une insuffisance de lubrification intra-articulaire
- des déséquilibres musculaires périphériques
Dans la majorité des cas, un bruit isolé, sans douleur ni gêne fonctionnelle, reste bénin et ne traduit qu’un trouble mineur de la cinématique mandibulaire. À l’opposé, une association à des douleurs, des blocages ou une limitation de l’ouverture buccale signale un dysfonctionnement plus profond de l’ATM.
À lire Mutuelle d’entreprise : 5 conseils pour éviter les mauvaises surprises
Les troubles musculo-articulaires en cause : dysfonctionnements de l’ATM et leurs spécificités #
L’ATM figure parmi les articulations les plus sollicitées et complexes du corps humain. Les dysfonctions de l’ATM (ou DTM) regroupent un panel de pathologies dont la plus emblématique, le déplacement réductible du disque articulaire, occasionne un claquement net, court et souvent indolore lors de l’ouverture de la bouche. On distingue plusieurs situations spécifiques :
- Claquement simple : bruit unique survenant à l’ouverture, à proximité de l’occlusion dentaire maximale (OIM), lié à un déplacement partiel du disque.
- Claquement multiple ou à rebond : succession de bruits, témoignant d’une instabilité du disque ou d’une hypermobilité condylienne.
- Craquements diffus : évoquent une usure du cartilage (arthropathie dégénérative), parfois perceptibles à la fermeture.
- Ressaut condylien : ressenti brutal du changement de trajectoire de la mandibule lors des mouvements.
Les déséquilibres musculaires, comme une hypertonie des muscles ptérygoïdiens, entraînent un dysfonctionnement de la transmission des forces, alimentant claquements et gêne. L’usure cartilagineuse accroît la friction, menant à des bruits plus nombreux, souvent associés à des douleurs diffuses et des irradiations vers la tempe.
Tension, stress et habitudes quotidiennes : impact sur la stabilité de la mâchoire #
Les tensions musculaires chroniques et les habitudes parafonctionnelles (c’est-à-dire en dehors des fonctions de mastication, parole, déglutition) exercent une influence majeure sur la stabilité mandibulaire. Les plus fréquentes sont :
- le serrage involontaire des dents, souvent durant la journée en situation de stress ou de concentration intense
- le bruxisme nocturne (grincement ou serrement des dents au cours du sommeil)
- l’édentement non compensé ou le mauvais positionnement dentaire
- l’utilisation prolongée d’écouteurs intra-auriculaires ou habitudes de mastication unilatérales
Le stress chronique majore l’activité des muscles masticateurs : la tension engendrée accélère l’apparition ou l’aggravation des claquements. Au fil du temps, l’excès de pression sur l’ATM favorise une usure prématurée des surfaces articulaires, générant des craquements plus intenses et plus fréquents. La vigilance sur nos habitudes quotidiennes devient ainsi un levier central pour contenir les dysfonctions persistantes.
À lire Étirements ciblés pour soulager un lumbago : guide pratique et conseils d’expert
Quand consulter ? Signes d’alerte à ne pas négliger #
L’apparition d’un claquement isolé ne justifie pas systématiquement une consultation spécialisée. Cependant, certains signes d’alerte doivent pousser à solliciter l’avis d’un expert en odontologie ou en kinésithérapie maxillo-faciale :
- Douleurs persistantes à la mâchoire, à l’oreille ou à la tempe, surtout si elles s’intensifient lors de la mastication ou du bâillement
- Limitation de l’ouverture buccale (incapacité à ouvrir la bouche sur plus de 35 mm ou sensation de blocage)
- Blocage complet ou partiel de la mâchoire, rendant difficile l’alimentation ou l’élocution
- Gonflement ou sensibilité accrue à la palpation de l’ATM
- Apparition d’autres symptômes associés : acouphènes, migraines, douleurs cervicales
L’absence de prise en charge précoce face à ces manifestations expose à une évolution des troubles : aggravation des douleurs, extension des limitations fonctionnelles, installation de troubles chroniques voire d’une dégradation de la structure articulaire elle-même.
Conséquences d’un claquement mandibulaire non traité #
Ignorer la persistance d’un claquement ATM expose à des complications progressives, impactant à la fois la santé bucco-dentaire et le quotidien global. Les risques les plus régulièrement observés incluent :
- une aggravation de la douleur, parfois jusqu’au stade de névralgie faciale
- la perte de mobilité de l’articulation, avec apparition de blocages récurrents ou d’une ankylose
- le développement de troubles de l’occlusion dentaire, modifiant l’axe de mastication et favorisant l’usure prématurée des dents
- l’apparition de céphalées chroniques et de tensions cervicales
- une altération notable de la qualité de vie (alimentation, sommeil, interactions sociales)
La négligence des troubles mandibu-dento-articulaires est à l’origine de nombreux retards de prise en charge, favorisant l’installation durable de douleurs et de limitations qui étaient pourtant parfaitement évitables avec une approche multidisciplinaire coordonnée.
À lire Mâchoire qui claque : comprendre, prévenir et traiter le phénomène
Solutions et traitements : de l’hygiène de vie aux interventions spécialisées #
La stratégie de traitement vise à réduire les claquements et à restaurer la fonction articulaire, en adaptant les solutions à la cause identifiée et à l’intensité des symptômes :
- Exercices de relâchement musculaire : enseignés par un kinésithérapeute spécialisé, ils améliorent la mobilité mandibulaire et abaisse les tensions des muscles masticateurs.
- Techniques de gestion du stress : relaxation, sophrologie, méditation, parfois associées à une prise en charge psychologique, permettent de limiter l’impact du stress sur la mâchoire.
- Gouttières occlusales sur-mesure : portées la nuit ou ponctuellement en journée, elles équilibrent les pressions articulaires et protègent les surfaces dentaires du bruxisme.
- Réajustements dentaires : visant à corriger un mauvais axe ou contact occlusal, par des soins conservateurs, prothétiques ou orthodontiques ciblés.
- Traitements médicaux : prescription anti-inflammatoire ou myorelaxante pour réduire l’intensité des symptômes aigus.
- Interventions chirurgicales : limitées aux formes sévères d’arthropathie dégénérative ou de blocage persistant, elles visent à restaurer la congruence articulaire (arthrocentèse, arthroscopie, repositionnement ou réparation du disque articulaire).
La kinésithérapie maxillo-faciale se révèle particulièrement efficace dans la majorité des cas modérés. À Genève, en 2024, la prise en charge multidisciplinaire combinant rééducation, gouttière et rééquilibrage occlusal a permis un retour au confort dans 87 % des situations rapportées en centre spécialisé. Mon avis est qu’un accompagnement précoce, personnalisé, permet d’éviter un parcours long et douloureux.
Prévenir le retour des troubles grâce à des gestes simples #
La prévention repose sur l’adoption de gestes quotidiens adaptés et la surveillance régulière de la santé bucco-dentaire. Plusieurs recommandations sont unanimement reconnues comme efficaces pour limiter la réapparition des claquements ou douleurs :
- Favoriser une alimentation tendre (poissons, légumes cuits, compotes) en période de gêne intense : le coût d’une boîte de nutrition adaptée est en moyenne de 5€ pour une semaine
- Adopter une posture de repos mandibulaire : lèvres jointes, dents séparées, mâchoire relâchée
- Mettre en place un échauffement articulaire par mouvements doux avant repas copieux ou efforts prolongés de mastication
- Éviter les habitudes parafonctionnelles telles que mâcher des objets, se ronger les ongles, soutenir la mâchoire sur la main
- Programmer un bilan dentaire annuel pour dépister précocement les déséquilibres occlusaux et porter une attention particulière aux signes de bruxisme
Une hygiène de vie cohérente, alliée à une prise de conscience des mouvements et postures lors des activités quotidiennes, permet de stabiliser durablement un terrain sujet aux claquements mandibulaires. À mon sens, la sensibilisation et la régularité de ces gestes simples constituent le meilleur investissement à long terme pour la santé articulaire.
À lire Étirements efficaces pour soulager un lumbago : stratégies et protocoles adaptés
Plan de l'article
- Mâchoire qui claque : comprendre le phénomène, ses causes et ses solutions
- Pourquoi la mâchoire émet-elle des bruits de claquement ?
- Les troubles musculo-articulaires en cause : dysfonctionnements de l’ATM et leurs spécificités
- Tension, stress et habitudes quotidiennes : impact sur la stabilité de la mâchoire
- Quand consulter ? Signes d’alerte à ne pas négliger
- Conséquences d’un claquement mandibulaire non traité
- Solutions et traitements : de l’hygiène de vie aux interventions spécialisées
- Prévenir le retour des troubles grâce à des gestes simples